A la fois petit courant et infatigable chasseur sous terre, le
TECKEL, précieux auxiliaire du chasseur, est un véritable chef-d’œuvre
de polyvalence et un vrai "grand" chien de chasse.Sur terre, à
l’aise au lapin dans les ronciers les plus inextricables ou sur la voie
du lièvre et du grand gibier, notamment le sanglier, il excelle
également à la recherche au sang.Le travail sous terre exige des
qualités de mordant, de passion et de persévérance pour permettre
d’attaquer renard et blaireau dans leur tanière. D’ailleurs, cette
chasse sous terre était le premier métier de ce diable de petit chien,
prédisposé à cette activité par sa morphologie.Passionné et
énergique à la chasse, le TECKEL est également un merveilleux compagnon
à la maison où sa présence est toujours agréable et prisée du grand
public. Très affectueux, fidèle, c’est un bon gardien.L’intelligence,
la roublardise affinées au fil des siècles par la chasse, et
particulièrement celle exercée sous terre, en ont fait un chien d’une
psychologie toute particulière que j’appelle "sa personnalité".C’est grâce à cette personnalité attirante qu’il a su gagner la faveur des amateurs de chiens de compagnie.Le TECKEL est une race fort ancienne…Ce texte ne prétend pas présenter en détail l’histoire de l’évolution de cette race.De la littérature allemande, très fournie, que faut-il retenir ou écarter ?Que
l’espèce de basset couché au pied de Thoutmès, pharaon ayant régné en
Egypte de 1483 à 1450 avant notre ère, était un TECKEL ?… Des
millénaires sont passés depuis… !Les discussions et les polémiques sur ce point ne cesseront probablement jamais.Cependant,
dès le Moyen Age, la littérature fait état de petits chiens, à courtes
pattes. Ils sont également représentés par des tableaux, des sculptures
sur bois ou dans des scènes de chasse sur tapisserie.Bien que ces
petits chiens ne ressemblent guère à nos TECKELS d’aujourd’hui, ils
prouvent que les chiens à courtes pattes existent depuis fort longtemps
et sont utilisés pour la chasse, particulièrement celle sous terre.Ces
chiens représentés avaient encore des morphologies et des couleurs bien
différentes. Nous voyons des poils ras, des poils durs, des chiens avec
des oreilles semi-tombantes, dressées ou le plus souvent tombantes.
Parfois la queue est écourtée, mais le plus souvent elle est longue et
portée très haute.Au
XVIe siècle, Jacques du Fouilloux consacre un chapitre de son œuvre "La
Vénerie" à des chiens de travail utilisés pour la chasse au blaireau.
Il en fait la description suivante :Chiens assez longs, relativement bas sur pattes, aux oreilles pendantes et à la queue portée haute et recourbée.
Chien de blaireau au travaild'après "La Vénerie"de Jacques du Fouilloux, 1561.En
1700, l’allemand Holberg décrit les ancêtres de nos TECKELS dans un
chapitre intitulé "Les chiens de blaireau, de loutre et de castor". Il
précise notamment que diverses variétés sont utilisées pour chasser
sous terre et que les Français les appellent "bassets" à cause de leurs
pattes courtes et de leur corps allongé. Leurs couleurs sont très
variées : Brun, gris, couleur loutre et même du noir.Dans son livre
"Le parfait chasseur allemand" de 1719, von Flemming donne déjà une
excellente description des TECKELS poil ras très bien typés.En
1746, Döbel, dans ses traités sur la chasse, évoque pour la première
fois la possibilité de chasser également sur terre avec les chiens de
blaireau (Dachsschliefer). Il précise textuellement en parlant de ces
chiens : Il en existe plusieurs variétés, personnellement je préfère
celles de couleur noire, brune ou fauve qui ont les pattes avant un peu
écartées et qui, surtout, ne sont pas trop grandes… ! Certaines
personnes chassent également le lièvre et le renard sur terre et les
utilisent comme des chiens courants.Enfin, Buffon mentionne en 1793
des chiens de blaireau à pattes torses et droites, de couleur noire,
blanche ou tricolore. L’auteur les décrit comme des chiens très
mordants qui arrivent à déloger le blaireau de son terrier.Il ne
fait aucun doute que tous ces chiens sont les ancêtres de nos TECKELS
actuels, même si, très souvent, la ressemblance fait défaut.Durant
la deuxième moitié du XIXe siècle débute l’élevage dirigé et on assiste
un peu partout à la création de clubs de race. Le TECKEL rencontra un
grand succès notamment en Angleterre. Les premiers pedigrees établis
dans les pays anglo-saxons sont des pièces maîtresses qui permettent,
aujourd’hui encore, de diriger et de contrôler les élevages. C’est en
1881 que fut créé l’English Daschshound Club, suivi de la création du
D.T.K. allemand (Deutscher Teckel Klub) au cours de l’année 1888. Chose
curieuse, le Livre des Origines (das deutsche Hundestammbuch) a été
ouvert dès l’année 1840 en Allemagne.A cette époque,
particulièrement en Europe Centrale, l’essor de la race TECKEL est tout
à fait exceptionnel. Les premières grandes expositions furent
organisées en 1891 à Berlin et à Amsterdam, avec plus de 300 TECKELS à
Berlin. Ces expositions ont été associées à des épreuves sous terre. La
première épreuve de travail sur terre pour TECKEL, une recherche au
sang sur piste artificielle, a été instaurée à Mellen (Allemagne) en
1893.A la fin du XIXe siècle, la popularité acquise par les TECKELS
grâce à leur gentillesse, leur courage sous terre et leurs excellentes
qualités sur terre, a gagné non seulement les pays occidentaux mais
s’est également étendue ailleurs dans le monde. C’est à cette époque
que les autres continents commencèrent à accueillir les premiers
TECKELS. Là-bas aussi, ces importations ont souvent été suivies par la
création de nombreux Clubs et Associations.
GÉNÉRALITÉSQuelle race de chien regroupe autant de variétés que le TECKEL ?Aucune ne présente un tel éventail sous la même dénomination.Le TECKEL est d’ailleurs le seul à occuper le 4ème Groupe de la nomenclature de la FCI.Le TECKEL noir et feu à poil ras est l’une des plus anciennes races de notre continent.C’est
le "père" de tous les autres TECKELS. L’origine de la race TECKEL se
confond, jusqu’au XVIIIe siècle environ, avec celle du TECKEL à poil
ras.
D’ailleurs, 2 hypothèses sont émises par les partisans d’une origine purement européenne.La
première est celle qui fait descendre le TECKEL du croisement du
Dachsbracke, un petit chien courant avec un nez puissant et une
persévérance à toute épreuve sur la voie, avec d’autres formes
bassettes de chien courant. Le Président honoraire du Club des Amateurs
de TECKELS, R. Depoux, écrit à ce sujet dans son livre "les TECKELS"
(1968) : "Je suis persuadé que le Bruno du Jura peut nous donner la
meilleure idée de ce que devait être le chien courant dont est issu le
TECKEL".La deuxième hypothèse émane du Dr. Schaeme : "LE TECKEL
serait le produit d’un croisement entre le Pinscher et de petits chiens
courants, également de forme bassette". Cela peut paraître fort
vraisemblable, le Pinscher, race canine très ancienne, étant très
proche du terrier. Hargneux, persévérant et surtout mordant, il est
peut-être à l’origine de ces qualités chez les TECKELS. Il faut noter
que le Schnauzer est un cousin très proche du Pinscher.A partir de
la variété bicolore, noir et feu, on a obtenu les poils ras rouge, par
croisement avec de petits courants de même couleur. Assez souvent les
éleveurs constatent, avec surprise, à la naissance des chiots, une
tache ou une étoile blanche au cou, à la poitrine ou plus rarement sur
les pattes. Cela ne provient guère d’un éventuel croisement avec des
Fox-terriers, mais prouve la descendance du chien courant.Ce TECKEL a des origines identiques à celles du TECKEL à poil ras.
Des croisements de ce dernier avec des épagneuls allemands et des
spaniels anglo-saxons ont donné des chiens qui ont tendance à avoir un
poids et une taille un peu supérieurs aux deux autres variétés à poil
ras et à poil dur. Cette origine explique également la puissance
exceptionnelle du nez, l’aptitude à broussailler et à travailler à
l’eau. Bien que de nombreux amateurs du TECKEL à poil long semblent
avoir oublié que ce chien est avant tout un chien de chasse, certaines
souches ont toujours gardé d’excellentes dispositions, notamment pour
le travail sur terre et à l’eau. Il faut relever que cette passion pour
la chasse s’accompagne généralement d’une grande facilité de dressage.Deux courants de sang sont particulièrement bien connus aujourd’hui.Le
premier est appelé la race de Wöpke. Ce dernier, un forestier de la
cour d’Anhalt-Dassau, a croisé au XVIIIe siècle des TECKELS à poil ras
et à poil dur avec des épagneuls allemands. Ces produits, uniquement
des TECKELS à poil long noir et feu, se sont distingués par leur
aptitude au broussaillage et par leur mordant au travail sous terre.Le
deuxième courant de sang, aujourd’hui appelé la race de Rangger, est
issu du croisement de TECKELS à poil ras avec des spaniels de tailles
diverses. La descendance de ces TECKELS, moins hauts sur pattes que
ceux de la race de Wôpke, a été assurée par la maison royale de Bavière.Au
début du XXe siècle les croisements des deux courants de sang ont
abouti à l’aspect actuel du TECKEL à poil long. Ses qualités
esthétiques, sa faculté d’adaptation et son caractère facile et joyeux,
ont fait de lui un chien très en vogue.
Nous ignorons la véritable origine du TECKEL à poil dur, car nous
manquons de renseignements précis sur l’apparition de cette variété.
Dès XVIIe et XVIIIe siècles nous n’avons que très peu de récits sur
cette variété. La littérature cynégétique allemande cite pour la
première fois son existence au début du XIXe siècle sous la plume de
Jester et Hartig.
Il est certain que les créateurs du TECKEL à poil dur recherchaient des
qualités cynégétiques exceptionnelles pour chasser sous terre, à savoir
la persévérance et le mordant. Avec des TECKELS à poil ras, déjà
existants, les utilisateurs croisaient des Bassets griffons, des
Schnauzers et des Pinschers, ces deux dernières races étant connues
comme des ratiers très efficaces.A
la fin du XIXe siècle, quelques élevages procédèrent à des retrempes
avec le Dandie-Dinmont terrier. Il n’est pas exclu que le Skye et le
Scottish-terrier aient été également utilisés.Le masque clair et
certains défauts anatomiques nous font soupçonner dans quelques souches
une ascendance Jagdterrier. C’est probablement dans le souci de
maintenir ou développer le mordant, que quelques éleveurs ont introduit
"inofficiellement" ce sang. En général, la descendance n’est pas de
grande classe. En raison de son origine quelque peu anarchique et de
son succès à la fois comme chien de travail et de compagnie, cette
variété nécessite une très grande rigueur dans l’élevage.
Depuis le début du XIXe siècle, Les TECKELS NAINS et les TECKELS
KANINCHEN sont sélectionnés en Europe centrale, particulièrement en
Allemagne et en République Tchèque.A
l’origine, chez les TECKELS, cette "miniaturisation" n’était pas un
phénomène de mode. Il est vrai que, depuis, de nombreuses autres races
de chiens, telles que le Yorkshire, le Caniche et le Pinscher ont subi
cette même mutation. Ces petits gabarits sont devenus de parfaits
chiens de compagnie pour les personnes souvent en déplacement ou qui ne
disposent que d’un espace limité. Cependant, même de nos jours, les
TECKELS NAINS et les TECKELS KANINCHEN sont utilisés par les chasseurs
en France et ailleurs. Grâce à sa petite taille, le TECKEL NAIN est
parfaitement adapté à la chasse sous terre pour déloger renards, putois
et autres bêtes puantes. LE TECKEL KANINCHEN (Kaninchen, mot allemand
qui désigne le lapin) fut créé pour chasser et poursuivre ce rongeur
dans les galeries de ses terriers. En effet, ce TECKEL est utilisé avec
succès dans les chasses vives en lapins et peut remplacer
avantageusement le furet.Un TECKEL KANINCHEN bien créancé chasse
sur terre, fait sauter le lapin de son terrier et, le cas échéant,
retire le lapin blessé du trou.